Note de cours: Les nouveaux indicateurs de richesse

FaKiR

Meþveret Bþk.
[h=1]Les nouveaux indicateurs de richesse :[/h][h=2] I) PIB, croissance économique et limites :[/h][h=3] A) Le PIB et son hégémonie :[/h]Le PIB est un indicateur de moyen (pour mesurer le flux de richesse) et c'est aujourd'hui devenu un indicateur de finalité. C'est notre « convention collective » et universelle de la richesse. Il reflète une certaine vision des performances et des priorités qui domine désormais sur les pays. Or le PIB est une construction qui repose que des projets politiques d'après la 2nd Guerre Mondiale et issu du concept de revenu national brut développé par Kuznets après la Grande Dépression. Fouquet dans son ouvrage Les comptes de la puissance montre que le PIB repose sur un projet politique : reconstruire les pays sur une base industriel et commercial et le PIB est un bon indicateur pour rendre compte de l'efficacité des politiques dans ce sens. En 1976 ont été intégré au périmètre du PIB les services rendu par les administrations publiques alors qu'avant la richesse était seulement représenté par la production des entreprises. Et s'ils ont été intégré à ce moment là c'est parce qu'on est en pleine période de comparaison internationale et que tous les pays n'ont pas le même système social.
Le PIB synthétise des productions d'une extrême hétérogénéité mais tous sont évalué sur la base de la monnaie (ex : les services rendu par les APU sont considérés produire ce qu'ils coûtent). La variation du PIB en volume donne le montant de la croissance et est égale au rapport entre la variation du PIB en valeur et la variation de l'indice des prix à la consommation. La production non-monétaire et non-marchande, comme le travail domestique, n'est pas comptabilisé dans le PIB sauf quand il y a une échangeabilité potentielle (ex : activité de bricolage).
Derosières dans son ouvrage La politique des grands nombres, explique que les indicateurs sont devenu pour les politiques des contraintes ou des ressources, des règles comparables aux règles de droit, des outils de représentation. Ces indicateurs traversent les âges et on en oublie qu'ils ont une origine politique et nous apparaissent comme des produits de « sciences pures ».
[h=3] B) PIB, concept historiquement daté :[/h] 1- Critiques internes du PIB :
Elles reposent sur les outils d'élaboration du PIB. Elles sont liés au fait qu'aujourd'hui 70% des activités sont des activités de services or celles-ci sont comptabilisés sur la base de ce qu'elles coûtent, ce qui pose plusieurs problèmes :

  • Mesure du volume d'activité : par exemple, le volume d'activité de la santé se mesure par le nombre de patients ou de médicaments prescrit ? Le volume d'activité de l'enseignement se mesure au nombre d'heures d'enseignement ou au nombre d'élèves dans la classe ?
  • Constance du volume d'activité des APU dans le long terme: en effet, le PIB en volume des services des APU est égal au rapport entre PIB des services des APU (SAP) et l'indice des prix à la consommation SAP ; or grosso modo, l'un et l'autre peuvent être ramené au salaire.
  • Mesure de l'IPC SAP : l'IPC peut être élaboré si les biens sont identifiables, standardisables et ont une qualité stable dans le temps. Donc pour évaluer l'évolution des prix dans les services, statisticiens se basent sur des critères industrialistes qui peuvent être discutables (ex : l'évolution des prix funéraires se basent sur l'évolution du prix du marbre).
  • Mesure de la productivité des services : la productivité est égal au rapport entre output et input. Or dans les services non-marchand, l'output est le salaire et l'input est le travail. Grosso modo on retrouve le rapport salaire sur salaire et donc une productivité dans le temps qui n'évolue pas.

2- critiques externes :
Elles reposent sur les conventions de croissance économique :

  • Le PIB manque de certaines contributions au bien-être (production domestique, activité bénévole, etc). Le PIB conduit donc à des paradoxes : la croissance économique s'accroît tandis que le bien-être peut diminuer.
  • Le PIB est un indicateur de moyenne et ne rend donc pas compte des inégalités. La commission Stiglitz a montré qu'entre 1998 et 2008, aux USA, la croissance n'avait profité qu'aux 10% les plus riches.
  • Le PIB est un indicateur de flux et donc ignore les stocks (ex : patrimoine environnementale dans lequel on puise, patrimoine humain au sens de savoir-vivre, etc).
La commission Stiglitz avait pour but de valider les limites du PIB et d'élaborer des indicateurs de croissance économique et de progrès sociale. Or la commission était constitué d'un sociologue pour 24 économistes dont 5 prix Nobel, ce qui montre une certaine homogénéité des représentation.
[h=2] II) Nouveaux indicateurs de richesse : méthodes :[/h][h=3] A) Enjeux :[/h]Dans nos sociétés règne une quantophrénie : on accorde une prédominance au chiffre, il supplante toutes les autres approches et apparaît comme neutre ; tout ce qui n'est pas compté ne compte pas. Les objectifs des nouveaux indicateurs de richesses sont flous et ambitieux. Ils concernent la qualité de vie ou encore le développement durable (mais qu'est-ce que la soutenalibité ?) et ces concepts sont incarnés par des chiffres. Il faut penser les conditions socio-politique d'élaboration des indicateurs et leurs usages (ils sont élaborés par des techniciens a-politiques et a-éthique).
[h=3] B) Les manières de penser la légitimité des nouveaux indicateurs de richesse :[/h]De nombreuses questions :

  • Quelle échelle retenir ? Le bien-être n'est pas perçu de la même manière selon les pays et les régions. Et donc si on élabore un indicateur qui intègre les spécificité locales, ils vont se placer avec des indicateurs universels et vont apparaître moins légitimes que ceux-ci. Mais les indicateurs universels reposent sur une certaine vision des choses et met en concurrence les pays les uns contre les autres (car les comparaison sont possibles).
  • Quelle forme d'indicateur ? Par exemple, si on reprend la définition du développement durable, celle-ci repose sur quatre dimension. Donc on crée un indicateur agrégée pour regrouper les dimensions, on considère que si une dimension « va mieux », elle en compense une autre et on ignore l'irréversibilité. C'est pourquoi on peut créer plusieurs indicateur pour ne pas considérer qu'il y a substituabilité ; mais cela pose un autre problème : quel indicateur choisir ?
· Peut-on et faut-il tout monétariser ? Monétariser renvoie aux représentations des individus mais derrière l'idée de monétarisation, il y a l'idée d'unité. On peut monétarisé tout ce qui est utile mais cela pose la question de ce qui est utile. Milanési dans son ouvrage Vertigo montre qu'on mesure la bio-diversité qui rend service à l'homme. Pour cela, on utilise des méthodes contingente : on sonde les individus pour savoir combien il serait à payer pour, par exemple, sauver une ruche ; c'est donc une vision antropho-centré. De plus, c'est une méthode qui part de l'hypothèse que tous les individus sont éclairés et ont la compétence pour répondre. Or de plus en plus d'individus refusent de répondre à ce type de question soit parce qu'ils ne savent pas, soit pour des questions éthiques.
Pour élaborer des indicateurs on a recours à deux voies qui ont chacune des limites :

  • L'expertise et la scientificité : l'élaboration des indicateurs est faites par des technocrates. Or le bon sens et la vision du bien-être de ceux-ci n'est pas forcément celui et celle des individus.
  • La participation des individus et des citoyens qui vise à élaborer une convention partagés des citoyens sur la qualité de vie, le bien-être pour tous et le développement durable. Néanmoins on ne peut pas considérer que la somme des bonheurs individuels soit égale au bonheur total.
Exemple de nouvel indicateur : l'indicateur de santé sociale aux USA qui repose sur plusieurs composantes. Cet indicateur montre une progression du PIB et une régression de la santé sociale depuis 1975.

 
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